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Invisible et impensable…

Pourquoi croire en Dieu sans preuve ? C’est la question à laquelle on m’a demandé de répondre aujourd’hui dans le cadre des GB Days à Lausanne (université, Amphimax 410, à 12h15).

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Francophonie

Je me souviens

Quelques observations, après trois semaines de vacances passées au Québec, où je n’étais encore jamais allé. Voici la première.

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Je me souviens. La devise du Québec est partout. Elle est inscrite sur les plaques d’immatriculation des véhicules depuis 1978. Elle fleurit sous un canon dans la citadelle à Québec. Elle orne la façade de l’Hôtel du Parlement et figure sur les armoiries du Québec.

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D’emblée, on est invité à se placer dans une perspective historique, à vivre l’aujourd’hui comme étant nourri du passé qui en a modelé la possibilité. Peut-être ces trois mots ne sont-ils que le début d’une devise plus longue, comme on le lit dans Wikipedia :

Je me souviens /Que né sous le lys / Je croîs sous la rose.

Le lys symbolise la France et la rose l’Angleterre. Ce qui m’étonne tout de même, c’est que le souvenir se rapporte à ces deux origines européennes, aux conquêtes, aux rivalités des deux, aux combats. Beaucoup moins aux peuples autochtones, qui habitaient pourtant le pays avant l’arrivée des européens, et dont la présence est peu apparente, si ce n’est dans certains lieux comme Essipit où, tout à coup, les panneaux officiels sont en deux langues, le français et la langue des autochtones apparenant à la nation Innu. Mais n’étant pas allé les visiter, je ne peux en dire davantage.

Reste le souci, constaté à divers endroits, de valoriser les choses anciennes, les maisons d’habitation construites vers la fin du XIXe siècle à L’Anse Saint-Jean, par exemple, la chapelle des Indiens à Tadoussac (l’une des plus anciennes églises en bois en Amérique du Nord), le quartier du port aussi bien à Montréal qu’à Québec. Besoin d’enracinement, d’une densité humaine que l’on acquiert en connaissant sa propre histoire ? Les monuments et les vieilles maison en sont les traces visibles, mais c’est la mémoire qui fait l’essentiel, et c’est pour cela qu’il faut pouvoir dire Je me souviens.

Il ne m’est pas indifférent que ces trois mots soient aussi le titre d’un texte de Georges Perec, dans lequel il égrène 480 souvenirs en quelques mots qui suffisent à évoquer une réalité disparue et, sans eux, oubliée. On peut en lire une partie ici. Voici comment il les présente (citation reprise de l’article de Wikipedia) :

des petits morceaux de quotidien, des choses que, telle ou telle année, tous les gens d’un même âge ont vues, ont vécues, ont partagées, et qui ensuite ont disparu, ont été oubliées ; elles ne valaient pas la peine de faire partie de l’Histoire, ni de figurer dans les Mémoires des hommes d’État, des alpinistes et des monstres sacrés.

Il arrive cependant qu’elles reviennent, quelques années plus tard, intactes et minuscules, par hasard ou parce qu’on les a cherchées, un soir, entre amis ; c’était une chose qu’on avait apprise à l’école, un champion, un chanteur ou une starlette qui perçait, un air qui était sur toutes les lèvres, un hold-up ou une catastrophe qui faisait la une des quotidiens, un best-seller, un scandale, un slogan, une habitude, une expression, un vêtement ou une manière de la porter, un geste, ou quelque chose d’encore plus mince, d’inessentiel, de tout à fait banal, miraculeusement arraché à son insignifiance, retrouvé pour un instant, suscitant pendant quelques secondes une impalpable petite nostalgie.

Il importe de nommer les choses, de dire les événements, de mentionner les personnes qui ont participé à une œuvre, à une histoire, à un combat. C’est sans doute le meilleur moyen de les honorer que de garder mémoire de leur nom. D’où les albums de photos, les retrouvailles des familles, des anciens élèves, des anciens combattants. D’où encore les génériques de fin des films, les généalogies, les pierres tombales, les mémorials, les monuments aux morts — et les bibliothèques.

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Courir Slow Motion

La course, 250 km plus tard

J’ai déjà raconté comment je me suis mis à la course à pied. C’était le 4 mai dernier. Le moment est venu d’un bilan, après un peu moins de quatre mois d’entraînement à raison de trois sorties hebdomadaires, tôt le matin.

Pour rappel, le 4 mai, je venais de fêter mes 62 ans et de remarquer que ma balance affichait 112 kilos et des dixièmes pour une taille de 174 cm. Voilà la situation de départ, l’Ausgangslage, comme disent les Alémaniques. Ce jour-là, j’ai couru 890 mètres à une vitesse moyenne de 9:47 au km. Pas d’une traite, mais en alternant jogging (une minute) et marche (une minute et demie). Épuisé, mais très fier de cette performance, véritable saut quantique dans ma pratique sportive, j’en étais au premier des 27 entraînements du programme Couch-to–5K. Lors du dernier, le 13 juillet, j’ai réalisé 3,57 km à 8:23 au kilomètre. Concrètement, cela signifie que j’étais devenu capable de courir pendant 30 minutes sans m’arrêter.

 

C’est vraiment très lent, je l’admets, mais je recherche avant tout l’endurance, la capacité de courir longtemps, peu importe si c’est lentement. Pour aller plus vite, il faudrait que je m’allège. J’ai perdu 7 kilos depuis le 4 mai et je compte en perdre d’autres. Je suis encore à 30 kilos de mon poids idéal, mais diminuer autant n’est plus de mon âge et c’est même une perspective qui fait peur si je pense à notre chat Gandalf : longtemps en surpoids, il a beaucoup maigri. Ça se voit peu, parce qu’il a gardé sa peau de gros chat, sauf qu’elle s’est mise à pendre à mesure qu’elle se détendait. Que ferais-je de toute ma peau si je perdais 30 kilos ?

Pour en revenir à mes performances, je n’étais pas satisfait. Je voulais courir 5 kilomètres et j’en étais à 3,57. Je me suis alors donné l’objectif de courir sans m’arrêter sur 5 kilomètres. J’ai augmenté progressivement la longueur de mes itinéraires et j’ai atteint les 5 kilomètres 10 jours plus tard (en 45:06). Enhardi par cette belle progression, j’ai continué d’en faire toujours un peu plus. Alors que je choisissais avec soin des parcours aussi plats que possible, je me suis mis à désirer du dénivelé. Je ne vous dis pas ma joie lorsque j’ai réussi pour la première fois à terminer un parcours de 10 km avec 97 mètres de dénivelé. Sans surprise, j’ai mis deux fois plus de temps que sur 5 km.

Ce matin (jour de congé), je suis parti courir sur un nouvel itinéraire. Ma femme m’a déposé près d’un chemin forestier et je suis rentré à la maison en faisant des détours pour que ce soit plus long.

Musique dans les écouteurs (chers écouteurs qui ne m’empêchent pas d’entendre ce qui se passe autour de moi), avec les indications d’Amélie tous les kilomètres et toutes les dix minutes, j’ai fait un parcours dont la longueur n’est pas la même suivant qu’elle est mesurée par mon appli Runtastic (ci-dessus) ou par un dessin sur la carte de SuisseMobile (plus bas).

Runtastic avec le GPS, c’est comme les CFF pour le calcul du tarif des billets : les kilomètres font parfois moins de 1000 mètres. Ai-je couru 12,4 ou 11,7 kilomètres ? Avec 167 ou 143 mètres de dénivelé ? Je n’en sais rien, mais je trouve agréable d’avoir des indications au fur et à mesure de ma course, même approximatives.

 

Surtout, je mesure le chemin parcouru. Pas seulement les 250 kilomètres accumulés. Pas seulement les 7 kilos évaporés. Les sorties que je fais maintenant font beaucoup moins mal que les premières, alors que je cours au moins 20 kilomètres par semaine. Je ne sais toujours pas comment un tel changement a été possible, après 50 ans de détestation de l’effort et du mouvement. Au fond, je n’y suis pour rien. Mais c’est du plaisir. Et c’est tellement bon pour le moral et l’estime de soi.

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Le coin du geek

Les vacances sont l’occasion de prendre un peu de distance par rapport au quotidien. Je vous propose deux technologies qui me font rêver.

Sans rien toucher

La première est en train d’être mise au point chez Leap Motion : pilotez votre ordinateur par des commandes gestuelles, comme dans le film Minority Report. Un petit boîtier suffit pour que votre ordinateur (ou votre lampe de bureau, si vous voulez) vous obéisse au doigt et à l’œil. C’est assez troublant. Allez voir le film de démonstration sur le site de Leap Motion. Pour la vidéo de télécommande gestuelle de la lampe, c’est ici.

lampe

En touchant du bois

C’est beau, c’est naturel, c’est en bois. Vous pouvez choisir l’essence. Il s’agit du Groovboard, une planche avec des trous, des rainures et d’autres astuces, qui rend l’usage de l’iPad incroyablement plus agréable, à en juger par ce petit film :

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Voilà, faites votre choix, et si vous ne savez pas quoi m’offrir à Noël.. Confidence : pour le Groovboard, ma préférence va à l’exécution en prunier.

Et merci à David Sparks de MacSparky, chez qui j’ai trouvé ces merveilles.

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Bouts d'essai

Écrits vains

Il y a quelque chose d’artificiel dans la volonté de maintenir le rythme d’un billet par semaine. Pondre quelque chose coûte que coûte, avec publication le jeudi. Ce ne sont pas les thèmes, les sujets, les motifs de préoccupation, les raisons de s’indigner et de refuser ou de proposer qui manquent. Mais faut-il vraiment y ajouter son couplet ? Et pourquoi tant de peine ? Je n’ai pas un lectorat abondant et je ne peine personne si je m’oublie une semaine ou deux.

Nous sommes donc jeudi et je n’ai rien écrit d’autre que le paragraphe précédent. Voici donc un post qui va grossir les rangs de ceux dont l’intérêt est vraiment faible. Qui se préoccupe en effet de la mise à jour de WordPress dont j’ai parlé la semaine dernière, ou de la forme carrée des rondelles d’ouate vendues par la Migros, qui m’a occupé il y a quelque temps ? Personne, sauf moi-même, et j’en tire prétexte pour produire quelques lignes que j’ai l’outrecuidance de publier.

Vous pensez peut-être que l’intérêt ne réside pas dans le sujet, mais dans le traitement qui en est fait. Et vous soulignerez que plus le sujet est petit, plus il est humble, et plus celui qui en parle doit travailler pour en tirer quelque chose d’intéressant, à moins d’être de ceux qui parviennent à parler de tout et de n’importe quoi en captivant leur auditoire. Mais je ne suis ni l’un ni l’autre.

Alors quoi ? Je ne veux pas me retrouver écrivain non pratiquant. Un écrivain qui n’écrit pas n’est plus un écrivain. Voilà pourquoi je me permets de vous servir même mes vains écrits plutôt que de cesser ma pratique.

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Organisation

Mise à jour ou subversion ?

Cela faisait quelque temps que la petite alerte des mises à jour de WordPress se manifestait et j’ai pris le temps de m’en occuper. D’abord en sauvegardant tous les fichiers du site sur mon ordinateur, puis en regardant comment je pourrais sauvegarder mes bases de données. Finalement, j’y ai renoncé : j’ai trouvé des sauvegardes automatiques dans certains dossiers du serveur et je me suis dit que le programme faisait probablement le nécessaire à mon insu. C’était plus simple et moins courageux que de me lancer dans l’installation et le paramétrage de phpMyAdmin.

Ensuite, j’ai procédé à une mise à jour manuelle, car j’ai eu des problèmes la dernière fois que j’ai essayé l’automatique. En suivant scrupuleusement les indications du codex, j’y suis parvenu sans difficulté. Juste un zeste d’appréhension : si ça foire, plus de site sur le World Wide Web.

Mais bon, Au Damassinier tourne désormais sur la version 3.5.2 de WordPress et je peux aborder l’étape suivante :

Étape 3: Faites-vous Plaisir !

Si vous avez un système de cache en place, videz-le afin que les changements apparaissent plus rapidement pour vos utilisateurs. Vous pouvez vérifier que le cache renvoie la bonne version avec le numéro de version affiché en bas de page.

C’est terminé ! Félicitations ! On ne peut pas faire plus facile, sauf à mettre en place un processus à l’aide de Subversion : Updating WordPress Using Subversion (en anglais).

Écrivez un article pour annoncer votre mise à jour, lisez un livre ou un article que vous gardiez pour « quand vous aurez le temps », ou, simplement appréciez ces quelques minutes de temps libre qui vous sont offertes.

Exécution ! Mais qu’il est troublant d’apprendre que la subversion rend les choses plus faciles que les indications des autorités en  matière de mise à jour – qui n’hésitent pas à vous intimer l’ordre de vous faire plaisir.

 

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Zeitgeist

Tout homme innocent est un suspect qui s’ignore

Ainsi donc, nous sommes tous sur écoute permanente. La NSA surveille nos communications sur internet et par téléphone. Google n’est pas seul en cause : toutes les grandes firmes américaines (Microsoft, Facebook, Yahoo!, Apple) donnent la main à ce système et transmettent les informations qui leur sont demandées. La fin justifiant les moyens, la prévention de nouveaux actes terroristes est censée justifier cette surveillance totale.

On pourrait se dire que si tout le monde est surveillé, personne ne l’est. Tout cela serait donc indifférent. De plus, si vous n’avez rien à vous reprocher, vous n’avez rien à craindre.

Mais ça ne marche pas comme ça. Pour trois raisons au moins.

Premièrement, parce que tout le monde accède au statut de suspect portentiel. C’est comme chez le Dr Knock pour qui tout homme bien portant est un malade qui s’ignore. Si on vous surveille, si on me surveille, c’est que nous sommes bel et bien suspects. Même si nous n’avons rien à nous reprocher, nous sommes suspects. La présomption d’innocence, c’est fini.

Deuxièmement, parce qu’on ne sait pas comment fonctionne ce système de surveillance. On fait certainement travailler des ordinateurs qui analysent les communications en fonction de certains critères. Quand les indices sont suffisants pour qualifier un message de suspect, j’imagine que des êtres humains entrent en jeu pour juger de la dangerosité des messages et des personnes qui les échangent. Mais, dans l’ignorance des règles de ce “jeu”, le risque n’est pas nul que des personnes se retrouvent dans le collimateur du système alors qu’elles n’ont strictement rien à voir avec ce dont on va les accuser.

Troisièmement, parce que je trouve extrêmement problématique qu’un gouvernement qui fait de la démocratie une valeur cardinale pratique ce genre de surveillance. La démocratie suppose la libre expression des opinions et la possibilité de confronter ces opinions dans des débats, sans contrainte. Or cela n’est pas compatible avec une sécurité totale. Je me souviens du débat qui avait cours en Allemagne à l’époque de la bande à Baader et de la Fraction Armée rouge, marquée par de nombreux attentats, prises d’otages et assassinats politiques. Fallait-il limiter les libertés pour mieux traquer les terroristes ? Comment régler le curseur entre liberté et sécurité ? Le gouvernement d’alors a choisi de marcher sur la corde raide, sans verser ni dans la lâcheté d’un libéralisme démissionnaire, ni dans la paranoïa sécuritaire, sachant que dans un cas comme dans l’autre, la démocratie libérale elle-même aurait été en péril et que c’était un risque qu’on ne pouvait pas prendre, car les actions terroristes visaient précisément à prouver que, derrière la façade démocratique, se cachait un état policier et totalitaire.

Dans les Origines du totalitarisme, Hannah Arendt a expliqué que le système totalitaire commençait par l’occupation de l’espace privé. Les révélations d’Edward Snowden montrent que c’est chose faite. Il vaudrait la peine de relire Arendt pour vérifier si ses analyses continuent de s’appliquer dans ce qui nous préoccupe aujourd’hui. Je crains que ce ne soit le cas.

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Courir Slow Motion

Le vouloir, le faire et la course à pied

Il faut quand même que je vous dise qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire dans ma vie. J’ai 62 ans. Je pèse 1,5 fois mon poids idéal (faites le calcul pour vous), je ne suis pas du tout sportif, et pourtant cela fait maintenant deux mois que je vais courir trois fois par semaine. Avec un immense plaisir. Malgré mon volume, malgré les genoux raides, malgré la peine et la sueur, j’y vais et c’est bon. Sitôt ma demi-heure d’entraînement terminée, je me réjouis de la suivante. Je cours à peine plus vite que je ne marche, mais qu’importe, je ne cherche pas la performance : je cherche à augmenter mon endurance. Et elle augmente.

Au début, j’ai cherché des endroits où je pourrais courir sans être vu, car j’ai honte de mon apparence. J’ai donc fait des va-et-vient sur un bout de chemin de campagne pas très loin de chez moi, en bordure de forêt, à peu près plat. Tôt le matin, il n’y a personne. Puis j’ai dû chercher quelque chose de plus long, de plus varié et j’ai trouvé un très bel endroit qui convient parfaitement à la course, mais avec le risque d’être vu. Le premier jour, j’ai rencontré un chat, que j’ai fait fuir, puis un paysan, qui a fait un détour avec sa tonne à lisier pour voir qui j’étais, et pour finir un blaireau. Ce matin, j’ai dérangé deux lièvres et j’ai revu la dame aux molosses : quatre gros chiens qu’elle promène sans laisse, incroyablement bien dressés : quand elle me voit approcher, elle les fait se coucher dans l’herbe et ils me regardent passer sans bouger une oreille. Tant mieux. Je préfère. La première fois, je n’étais pas trop rassuré, mais maintenant je sais que c’est elle la cheffe de la meute.

Une des clés de ces transformations est le programme Couch to 5k, autrement dit : du canapé aux 5 kilomètres. Bien fait, très progressif. J’ai choisi de m’en tenir aux durées et non à la distance, que je serais bien incapable de parcourir dans les temps indiqués. Puis mon cœur de geek a bondi quand j’ai trouvé l’application correspondante pour iPhone, avec coach intégré (Constance – mais vous pouvez préférer le zombie, le petit chien ou le sergent Block), enregistrement du parcours et des temps réalisés, suivi de la progression, le tout en écourant la playlist de votre choix. L’application n’est pas en français, les images sont moches et m’a fallu deux semaines pour la paramétrer à ma convenance, mais on s’en fout. J’ai suivi le programme scrupuleusement depuis le début et je peux vous promettre que j’ai eu davantage de peine en première semaine à courir pendant les périodes de soixante secondes que pendant 20 minutes ininterrompues samedi dernier (semaine 5, 3e jour).


 

 

 

 

 

 

La clé principale est ailleurs. Je n’ai pas eu d’activité physique régulière depuis 30 ans et voici que, tout à coup, je décide de travailler au développement durable de ma santé – mieux vaut tard que jamais –, que je découvre ce programme, que je m’y tiens et que j’y trouve du plaisir. C’est totalement incongru, je ne me reconnais pas là-dedans, ce n’est pas moi. Alors quoi ? En deux mots, je crois que je vis l’accomplissement de Philippiens 2.13 dans mon propre corps : « c’est Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire ». Je n’ai pas choisi de me remettre à courir et, l’eussé-je voulu, je n’aurais pas tenu. Mais il y a eu des prières. Et les choses se sont mises en place comme je l’ai raconté. Et j’y suis entré. Et ça continue…

Méfiez-vous des prières.

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Zeitgeist

FOMO

FOMO : Fear Of Missing Out. Cela pourrait traduire par CDMQC (la crainte de manquer quelque chose) ou par CDRUO (la crainte de rater une occasion), mais je vais faire comme tout le monde et utiliser l’acronyme anglais. Le terme FOMO semble avoir été popularisé par un article de Jenna Wortham dans le New York Times en 2012. C’est donc déjà un vieux concept, au train où vont les choses.

Des études ont montré que la FOMO est en corrélation avec l’usage des réseaux sociaux, sans qu’on puisse déterminer clairement si leur usage provoque la FOMO, ou si, au contraire, la FOMO favorise l’usage des réseaux sociaux.

Quoi qu’il en soit, deux aspects sont à relever.

Premièrement, ce que désigne la FOMO est très ancien et même ne peut plus vieux, puisque c’est probablement un des ingrédients de la tentation. Que diriez-vous de devenir comme des dieux? Occasion unique ! Facile! Vous mangez de ceci et ça sera fait. Non, ce n’est pas une drogue, juste un fruit dont on se demande bien pourquoi il est défendu. Moi, j’aurais essayé, pas vous ? C’est la jonction de la crainte de louper quelque chose avec notre hyperconnexion permanente qui lui a redonné une nouvelle jeunesse.

En deuxième lieu, la FOMO fournit une bonne illustration du mimétisme du désir. Nous désirons ce que d’autres désirent (et réalisent). Un objet que personne ne désire suscite l’indifférence. À force d’apprendre sur facebook les choses fabuleuses que font nos chers amis, nous nous mettons à désirer ces choses qui nous étaient indifférentes l’instant d’avant, et c’est évidemment frustrant.

Si Twitter Facebook & Co apparaissent comme des tourniquets des désirs et du mimétisme, alors la FOMO pourrait indiquer que nous craignons de ne pas savoir ce qui est désirable. La FOMO – symptôme de la peur du vide.

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Zeitgeist

La quadrature de la rondelle

En France, les esprits s’enflamment autour d’un projet d’article de loi qui veut permettre, par exception, d’enseigner en anglais à l’université. Un projet de loi est débattu à l’Assemblée nationale (Le Temps, 23 mai 2013).

En cause, la défense de la langue française et le rayonnement de la France dans le monde, comme si seule la langue française pouvait être porteuse des valeurs de la France. Certains craignent «une forme de capitulation ou de colonisation absolument incroyable» alors que d’autres en appellent au réalisme : en sciences, la plupart des travaux et des échanges entre chercheurs se font en anglais.

Nous n’avons plus ces problèmes en Suisse, comme en témoigne l’image que voici :

Chez nous, les disques peuvent être carrés sans faire problème. Trois des quatre langues nationales sont représentées sur l’emballage de ce produit. En prime, l’anglais pointe le bout de son nez dans la dénomination allemande du produit : ces disques d’ouate sont des pads, des tampons. Et ils sont carrés, c’est dit en français, sans toutefois l’accord de l’adjectif. En deux mots, le rédacteur alémanique de la Migros a réussi à utiliser trois langues : l’allemand, l’anglais et le français. C’est très fort. Qui a dit que la Suisse n’est pas plurilingue ?

Mais qu’importe, c’est du coton bio. Il ne devrait pas provoquer d’effets secondaires indésirables.