Catégories
Écrire Slow Motion Zeitgeist

Le temps paisible

Sylvain Tesson a écrit Dans les forêts de Sibérie. Il y tient le journal des mois de février à juillet 2010, qu’il a passés en solitaire dans une petite cabane au bord du lac Baïkal, à des heures de marche de ses voisins les plus proches. Son ermitage lui a donné l’occasion de faire des observations intéressantes. En voici trois où il est question du temps, de la tenue d’un journal intime et du désir. Elles rachètent son côté donneur de leçons, parfois irritant ailleurs dans le livre.

L’homme libre possède le temps. L’homme qui maîtrise l’espace est simplement puissant. En ville, les minutes, les heures, les années nous échappent. Elles coulent de la plaie du temps blessé. Dans la cabane, le temps se calme. Il se couche à vos pieds en vieux chien gentil et, soudain, on ne sait même plus qu’il est là. Je suis libre parce que mes jours le sont.

Tout ce qui reste de ma vie ce sont les notes. J’écris un journal intime pour lutter contre l’oubli, offrir un supplétif à ma mémoire. Si l’on ne tient pas le greffe de ses faits et gestes, à quoi bon vivre : les heures coulent, chaque jour s’efface et le néant triomphe. Le journal intime, opération commando menée contre l’absurde.

J’archive les heures qui passent. Tenir un journal féconde l’existence. Le rendez-vous quotidien devant la page blanche du journal contraint à prêter meilleure attention aux événements de la journée – à mieux écouter, à penser plus fort, à regarder plus intensément. Il serait désobligeant de n’avoir rien à écrire sur sa page de calepin. Il en va de la rédaction quotidienne comme d’un dîner avec sa fiancée. Pour savoir quoi lui confier le soir, le mieux est d’y réfléchir pendant la journée.

Nous jouons sur la plage. Je leur lance l’os de cerf déniché par Aïcha. Ils ne se lassent jamais de me le rapporter. Ils en mourraient. Ces maîtres m’apprennent à peupler la seule patrie qui vaille : l’instant. Notre péché à nous autres, les hommes, est d’avoir perdu cette fièvre du chien à rapporter le même os. Pour être heureux, il faut que nous accumulions chez nous des dizaines d’objets de plus en plus sophistiqués. La pub nous lance son « va chercher ! ». Le chien a admirablement réglé le problème du désir.

Pages 72, 137-138 et 155-156 de l’édition Gallimard parue en 2011..

Catégories
Écrire Slow Motion

Abonnement général

J’aime les trains. J’ai acheté un abonnement général avec lequel, une fois par semaine, je pars faire un grand tour, qui commence inévitablement par un trajet en bus jusqu’à La Neuveville, ou en funiculaire jusqu’à Gléresse. Aujourd’hui, par exemple, j’ai eu envie de traverser les Alpes et je suis allé à Lugano. Le trajet est long, d’autant qu’il faut ensuite en revenir, mais ça ne me gêne pas car, dans le train, je lis, je réfléchis et j’écris souvent mieux et davantage qu’à la maison. Sur les grandes lignes, tant que le train ne s’arrête pas, je suis captif ; sur les petites, je n’ai aucune envie de descendre dans un patelin où je n’ai rien à faire et où je me sentirais intrus si je m’aventurais dans le café du coin. Du coup, je me concentre sur les choses que je peux faire là où je suis : lire, écrire et réfléchir en regardant le paysage qui défile ou en observant les autres passagers.

L’endroit que je préfère est le wagon restaurant des ICN. Fenêtre à gauche, peu importe le sens de la marche. À l’une des grandes tables si possible. Il y a des nappes en tissu et on peut bouger les chaises.

En général, je me donne une destination et un but : aller voir quelqu’un ou visiter une exposition, mais pas toujours : il m’est arrivé de descendre au terminus de Saint-Gall pour acheter un sandwich et de remonter ensuite dans le train qui repartait en sens inverse.

J’ai mes points de chute dans plusieurs villes : des cafés où je me sens bien, des bibliothèques, des parcs quand il fait beau. Les restaurants Coop ou Manor sont d’excellents endroits pour travailler en matinée ou l’après-midi.

Il y a un paradoxe à circuler dans tout le pays pour me concentrer sur des choses que je peux faire à la maison. Mais dans le train, je ne me préoccupe pas du ménage, je ne vais pas voir ce que le facteur a apporté, je ne m’occupe pas de cette réparation qui attend depuis un moment, je ne résiste pas à la tentation de décrocher le téléphone quand il y a des appels publicitaires. Et je ne réponds pas aux sollicitations des chats.

Catégories
La Sagesse ou la Vie Zeitgeist

Stoïcien

Je ne suis pas stoïcien. Je ne crois pas que le salut réside dans la maîtrise de soi, qui s’atteint (peut-être) à force de se tenir éloigné des choses qui réjouissent les autres, ou de celles dont ils souffrent. L’absence de souffrance (apathie) n’est pas mon objectif premier.

Cela dit, pas question de se laisser agiter par tous les désirs et toutes les envies, surtout quand elles sont créées de toutes pièces par le monde dans lequel nous vivons. Il faut un filtre, une ligne de défense, des moyens de faire face, et certaines maximes stoïciennes sont utiles quand il faut mettre de la distance entre le surgissement des désirs et la décision de donner suite ou non à leur tonitruant ou insidieux appel.

Celle-ci par exemple : si tu veux avoir tout ce que tu veux, il suffit de ne vouloir que ce que tu peux avoir. Elle ressemble à une blague, mais c’est une pensée profonde. Pour les stoïciens, par exemple Épictète dans son Manuel, il est impératif de maîtriser nos représentations, de comprendre que les idées et les images que nous nous faisons des choses ne sont pas identiques aux choses qu’elles désignent. Ce qui tourmente les hommes, ce n’est pas la réalité mais les jugements qu’ils portent sur elle.

Ryan Holiday sur Amazon

Le stoïcisme est ancien. Il a connu ses heures de gloire dans l’Antiquité grecque et romaine et pendant la Renaissance. Peu de gens s’affirment stoïciens aujourd’hui, mais j’en connais au moins un, Ryan Holiday, 30 ans, écrivain américain, spécialiste du marketing et des médias, qui professe vivre en stoïcien et qui s’exprime abondamment à ce sujet en livres, articles et billets sur son blog ou celui d’autres qui l’accueillent. Il n’est pas traduit en français pour le moment, mais peu importe. Je trouve intéressant de voir comment il aborde le stoïcisme au quotidien, par exemple dans cet article où il commente 21 épigrammes, pas tous stoïciens d’ailleurs, qui, selon lui, devraient nous conduire dans nos choix et nos existences.

Si vous lisez la langue de Shakespeare et de Donald Trump, allez vous faire votre opinion.

Catégories
Minimalisme Organisation Zeitgeist

Minimalistes

Il y a deux manières d’être minimaliste : celle qui consiste à en faire le moins possible, et celle qui consiste à vivre en s’entourant du moins de choses possible. C’est la deuxième qui m’intéresse ici, car j’ai de la peine à supporter la première.

Le terme est utilisé par Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus, deux Américains qui ont tenté le pari de la simplicité et de l’existence désencombrée. Ils en parlent sur leur site The Minimalists et dans un “documentaire sur les choses importantes” qui les montre en tournée des USA pour la promotion de leur livre Essential. Le film est sur Netflix, Vimeo et d’autres réseaux. Il est agréable, informatif, jamais moralisateur ni pesant.

Les deux “minimalistes” y parlent de leur propre expérience et présentent des gens qui ont fait un pari analogue. Il y a celui dont toutes les possessions tiennent dans deux grands sacs; techniquement sans domicile fixe, il ne s’en plaint pas. Il y a ceux qui vivent dans des maisons minuscules où ils s’entourent du strict minimum et se déclarent plus heureux qu’avant. Un homme raconte comment il a quitté son emploi sur-le-champ quand on lui a offert une place d’associé dans la banque où il travaillait, tellement il craignait de mener une existence semblable à celle de son patron. Des blogueurs que j’ai suivis un temps (Patrick Rhone, Leo Babauta) viennent donner leur point de vue, et je les ai retrouvés comme on retrouve de vieux copains.

Mon problème, c’est que je suis toujours tenté d’embrayer sur ce genre de projets. Je ne pouvais pas ne rien faire, et j’ai commencé par minimaliser (un peu) mon bureau. J’ai vidé les deux tirettes, je les ai passées sous le robinet, puis regarnies des seuls éléments que j’utilise encore. J’ai pu jeter pas mal de choses. J’ai continué avec deux tiroirs contenant du matériel de bureau, et le tri a été sévère. À mon étonnement, c’est une activité jubilatoire, quasi addictive. Une fois qu’on a commencé, on a de la peine à s’arrêter. Dans l’idéal, je n’aurais dû garder qu’une plume, un stylo bille et un crayon. J’en suis encore loin, mais je progresse.

Catégories
Écrire

Roman noir

J’ai déjà dit ici que j’ai écrit un roman dont le titre est Chasseral love. Au début de l’an dernier, je l’ai donné à lire à des personnes de confiance, qui m’ont communiqué leurs réactions, toutes positives sauf une, la plus difficile à recevoir comme il se doit. Elles m’ont fait découvrir les qualités et surtout les faiblesses du livre : répétitions, insistance excessive sur certaines choses, réactions déconcertantes de certains personnages. Le plus grand défi m’a été posé par l’ami juriste, qui m’a expliqué que ma compréhension du fonctionnement de la justice correspondait à la justice qu’on voit à la télé et dans les films, mais pas à celle en usage en Suisse depuis la mise en application du nouveau Code de procédure pénale le 1er janvier 2011. Aucun des autres lecteurs ne s’était aperçu du problème.

Or mon roman se passe en Suisse. Le défi était difficile à relever, parce que deux ressorts dramatiques importants reposaient sur mon ignorance du droit. Les corrections ont nécessité un travail important. Une chose en entraînant une autre, la révision de mon manuscrit a duré jusqu’au début du mois de décembre. Des centaines d’heures. Tout le livre en bénéficié, y compris les passages auxquels je n’avais en principe rien à changer : chasse aux adverbes, aux adjectifs, aux répétitions, aux lourdeurs, aux briseurs de rythme. Des chapitres ont disparu, d’autres sont nés. Au total, le livre a perdu 10% de son volume, mais il est meilleur.

J’ai pu m’en assurer en le faisant lire dernièrement par quelques personnes du métier. Je sais maintenant que j’ai réussi mon pari d’écrire un page turner qu’on n’a pas envie de lâcher avant la fin, je sais que mes personnages sont plus intéressants et plus crédibles, je sais que j’ai écrit un roman noir.

Roman noir ? Question de genre (littéraire). Au départ, je voulais écrire un petit roman sans prétention, je disais “mon roman de gare”, peut-être un polar. Mais mes personnages ont leur vie et l’histoire a pris un tour que je n’avais pas imaginé au début. Chasseral Love n’est plus un roman de gare, ni un polar au sens strict du terme, mais un roman noir, ainsi défini par Wikipedia :

Le roman noir semble difficile à définir de par sa structure instable et ses diverses variations dans le temps. Cependant on peut relever certains éléments récurrents qui le caractérisent : un univers violent, un regard tragique et pessimiste sur la société, un fort ancrage référentiel et un engagement politique ou social.

D’autres thématiques sont présentes mon livre, mais dans l’ensemble, la définition est correcte.

J’attends maintenant le verdict des éditeurs à qui je l’ai envoyé.

Catégories
Non classé

La Sagesse pour deux dollars

C’est le prix de la version électronique de mon livre La Sagesse ou la Vie si vous la commandez chez Smashwords pendant les fêtes de fin d’année, du 25 décembre au 1er janvier 2018, et dont voici le lien. Les heures étant définies selon le fuseau horaire du Pacifique, cela signifie qu’il y a neuf heures de décalage. Attendez donc qu’il soit 9 heures du matin en Europe continentale le jour de Noël avant de commander. L’avantage, c’est que vous pourrez encore bénéficier du rabais le 1er janvier jusqu’à 8h 59.

Promis, ce n’est pas de la sagesse à deux balles pour autant (ou pour si peu). Les fichiers sont compatibles avec les divers supports numériques (Kindle, iBooks, iOS, Android etc.).

Et si vous préférez le livre physique, en vrai papier, vous pouvez le commander ici.

Catégories
Choses vues Non classé Zeitgeist

Des regards sur la Suisse étrangement familiers

L’exposition “Étrangement familier. Regards sur la Suisse” se tient au Fotomuseum de Winterthour à l’initiative de la Fondation Suisse pour la Photographie, en coproduction avec le Musée de l’Élysée et avec le soutien de Suisse Tourisme. Cinq photographes étrangers ont été invités à donner leur vision de la Suisse.

Ma visite a été trop rapide. Je ne me suis pas donné le temps d’une immersion suffisante, gêné par la voix criarde d’une femme qui donnait une sorte de formation à un groupe de personnes que je suppose malentendantes. Quelques impressions tout de même.

Les cinq photographes invités ont tous choisi un fil conducteur. Le photographe américain Shane Lavalette s’est rendu dans les douze localités où Theo Frey, photographe documnentaire, était allé travailler dans le cadre d’un mandat pour l’exposition nationale de 1939. Il livre quelques images intéressantes, mais ce sont les planches de contact de Frey qui ont le plus retenu mon attention.

Alinka Echeverría (Mexique/GB) a choisi une approche psycho-sociologique : les adolescents, les jeunes entre l’enfance et l’âge adulte, ou quand les frontières se brouillent entre les générations, les genres, etc. J’ai trouvé cette démarche très convenue mais, heureusement, les images valent mieux qu’elle. Soit dit en passant, parler de frontières qui se brouillent et de catégories qui se confondent revient à poser l’existence de ces frontières et de ces catégories. On les réactive d’autant plus qu’on les nie.

Le troisième regard met en scène les hauts lieux touristiques dans les deux sens du mot : ils sont incontournables et ils sont en altitude. Le Pilate, le Schilthorn, le Harder Kulm à Interlaken, et d’autres encore. Les “tableaux photographiques” de de Simon Roberts (GB) jouent sur une double mise en abîme : il photographie ceux qui se photographient, dans des endroits qui surplombent de vertigineux précipices. Les touristes se trouvent exactement à l’endroit requis par l’esthétique générale de l’image. Bien joué.

Je n’ai pas du tout adhéré à la démarche d’Eva Leitolf (Allemagne) dans sa série “Matters of negociation”. Les mots font sens, mais les images présentées en regard sont sans rapport, alors que j’espérais que sa série, qui interroge le plus le terme “patrie”, ferait écho à l’exposition de Lenzbourg dont j’ai parlé dans le billet précédent. Mais non. On peut souligner que le paysage d’un côté de la frontière ressemble furieusement à celui qui se trouve de l’autre côté, mais cela me paraît de peu d’intérêt, surtout quand les images sont aussi plates.

Finalement, ce sont les photographies du Chinois Zhang Xiao que j’ai préférées. Son regard frais, moins surchargé de références que celui des quatre autres, se sert du cours du Rhin comme fil conducteur. Ses images existent pour elles-mêmes. Elles n’ont pas besoin des explications théoriques sans lesquelles celles de ses collègues perdent une partie de leur intérêt.

L’exposition est encore visible jusqu’au 7 mai 2017 à Winterthour. Elle sera reprise au Musée de l’Elysée à Lausanne du 25 octobre 2017 au 7 janvier 2018.

Catégories
Choses vues Zeitgeist

“Heimat” à Lenzbourg

Le terme “Heimat” n’a pas d’équivalent en français; on pense patrie, mais la patrie, c’est le pays des pères, le Vaterland. Comment rendre le “Heim”, le chez-soi, là où on est à la maison ? Le pays natal ? Le berceau ? L’exposition Heimat à Lenzbourg donne des éléments de réponse, qui s’appuient en particulier sur une vaste enquête auprès de la population à l’occasion de douze fêtes foraines.

Design Studio Roth&Maerchy

Cette espèce de Luna Park pour égarés en recherche de leur lieu propose une succession de stations et d’expériences d’où l’on ressort décontenancé et surpris. C’est donc l’occasion d’une visite patriote dépaysante, en allemand, français et anglais. À l’entrée, demandez la documentation en français et un sac de jetons pour francophones.

Où s’est-on senti le plus chez soi et en sécurité que dans le ventre maternel ? Une première station immersive, son et lumière, tente de reproduire quelque chose de cet univers à l’usage de ceux et celles pour qui c’est un lointain souvenir.

Dès qu’on en sort, on doit traverser des couloirs qui doivent nous faire peur. Pourquoi ? Parce que la Heimat serait située quelque part entre la nostalgie et la peur, selon le psychologue Fritz Riemann.

On revient ensuite à soi pour une séance de psychanalyse devant un écran. Le mien est resté bloqué sur l’allemand en dépit de mes efforts pour l’avoir en français : j’avais peut-être les mauvais jetons. Il s’agit de répondre à des questions. On nous demande de bien répondre, car les réponses permettront de déterminer l’endroit où l’on est vraiment chez soi – et de recevoir un “acte d’origine” tout à la fin. Cette psychanalyse a des accents lacaniens, puisqu’on passe immédiatement après au stade du miroir dans une salle des glaces plus ou moins déformantes, où l’on est confronté à sa propre image.

La salle suivante invite à rencontrer d’autres personnes. Cela se veut personnel, presque intime, car on pénètre dans des maisonnettes contenant leurs objets familiers, avec leur témoignage en vidéo ou en audio seul. J’ai ainsi fait la connaissance d’une étudiante musulmane de Genève, d’un jeune homme qui a trouvé sa heimat en devenant femme, d’un geek qui est partout chez lui à condition d’avoir une bonne connexion internet, et d’une Américaine qui ravive ses origines suisses en cuisinant une soupe au schabziger.

Ausstellung_Heimat_Stapferhaus_Lenzburg – Photo : Anita Affentranger

Où suis-je donc par rapport aux autres ? Dans la salle suivante, mon portrait est projeté au plafond avec celui des autres visiteurs présents dans la salle (les jetons reçus à l’entrée permettent manifestement de nous tracer), d’abord au milieu de la galaxie, puis par rapport à deux grands axes : distance/proximité et changement/continuité. Ma tête n’occupe pas le même lieu que celle de mes voisins, c’est clair.

Ausstellung_Heimat_Stapferhaus_Lenzburg – Photo : Anita Affentranger

La grande roue, à laquelle on accède ensuite, est censée favoriser la rencontre effective avec d’autres personnes, connues ou non, mais c’était le matin, nous étions peu nombreux et je me suis retrouvé seul dans ma nacelle pour trois petits tours au soleil.

Ausstellung_Heimat_Stapferhaus_Lenzburg – Photo : Anita Affentranger

La patrie est thématisée dans une salle plus didactique, en forme de jardin public. Qu’est-ce qu’un vrai Suisse ? Chacun se prononce en votant et les résultats sont rendus visibles. Quels sont les différents statuts des étrangers ? D’où viennent les passeports ? C’est la patrie au sens de nation, les règlements, les droits des uns et des autres, les règles du vivre ensemble.

Ausstellung_Heimat_Stapferhaus_Lenzburg – Photo : Anita Affentranger

Pour finir, après deux bonnes heures de visite et une virée en réalité virtuelle dans l’espace intersidéral, j’ai reçu mon “certificat d’origine”.

Le vôtre vous attend à Lenzbourg jusqu’au 25 mars 2018. C’est dans un bâtiment près de l’arsenal, le Stapferhaus, à 8 minutes à pied de la gare (et non au château). Impossible de se perdre, le chemin est bien balisé.

Au total, une expérience ludique, sensorielle, surprenante, dérangeante, qui, mine de rien, conduit à des réflexions existentielles inhabituelles..

Catégories
Non classé

Résurrection

Pâques est plus facile à accepter comme week-end de vacances (malgré les bouchons) que comme fête de la résurrection du Christ. La résurrection passe mal, même chez les chrétiens. Cela peut se comprendre, mais jusqu’à un certain point seulement, car la foi chétienne a-t-elle encore un sens si on cesse de croire à la résurrection ? La résurrection est le centre, le pivot, la clé qui donne son sens au message de l’évangile. Si Jésus n’est pas ressuscité, autant tout laisser tomber.

Pourtant, même ses disciples ne croyaient pas Jésus quand il leur annonçait qu’il ressusciterait le troisième jour. Et les femmes, qui sont devenues les premiers témoins de la résurrection, ne se sont pas rendues au tombeau parce qu’elles y croyaient, mais pour embaumer le cadavre de Jésus. On reste saisi devant l’attitude des les disciples au moment où il a été arrêté et crucifié. Tous ceux qui le suivaient l’abandonnent et s’enfuient. Pierre affirme à trois reprises qu’il ne connaît pas cet homme, puis le coq chante.

Comment croire à la résurrection ? Charles Colson, qui fut conseiller spécial du président Nixon et l’un des responsables du cambriolage du Watergate, a raconté comment tous les collaborateurs du président, tous ses fidèles, ont fui pour éviter de couler avec Nixon. Ils ont essayé de se sauver, comme les disciples de Jésus. Or, cinquante jours plus tard, au moment de la Pentecôte, Pierre tient un discours à Jérusalem, avec les onze apôtres, où il affirme ceci : “Dieu l’a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il soit retenu par elle… Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié.” (Actes 2.24,36)

Ces hommes qui avaient fui, les voici qui annoncent la bonne nouvelle avec assurance. Ils vont bouleverser le monde. Un tel changement ne peut s’expliquer que par un événement tout à fait exceptionnel, et cet événement, c’est la résurrection de Jésus, le Christ. Voilà l’argument de Colson en faveur de l’historicité de la résurrection (dans son livre Aimer Dieu, où il raconte comment il s’est converti pendant qu’il purgeait sa peine en prison).

L’apôtre Paul affirme que si le Christ n’est pas ressuscité, les chrétiens sont les plus malheureux de tous les hommes. Or le Christ est réellement ressuscité et les plus malheureux des hommes ne sont pas ceux qui le suivent, mais ceux qui ne le connaissent pas – ou qui ne veulent pas le reconnaître.

Catégories
Organisation Zeitgeist

Pirates

Mon blog a été piraté je ne sais quand par je ne sais qui. Des articles entiers ont été remplacés par des textes bourrés de liens que je me suis abstenu de suivre. J’ai fait le ménage en supprimant ces faux articles. La dernière mise à jour de WordPress a également été appliquée, en espérant qu’elle contient les protections empêchant le retour de ces attaques.

Ces articles ont été perdus. Il s’agit des plus récents, postérieurs au dernier billet publié en date du 1er novembre de l’an dernier. Mon hébergeur conserve des sauvegardes, mais le temps d’apprendre comment les récupérer et retrouver ce qui manque me paraît disproportionné en comparaison de l’intérêt des articles eux-mêmes. Bien entendu, le site Wayback Machine permet de remonter dans le temps d’une quantité de sites web. Hélas, la dernière photographie du mien a été faite le 31 octobre dernier.

En définitive, c’est Google qui m’a sauvé la mise. J’ai fait une recherche à l’aide de mots clés figurant dans les articles perdus et ils étaient répertoriés. En cliquant sur le petit triangle vert, on peut accéder à ce qui est en cache. Je suis à la fois reconnaissant et un peu inquiet : rien ne se perd, clairement !

J’étais content de retrouver la citation du Cercle qui se trouve vers la fin du roman de Dave Egger, parce qu’elle parle des dérives qui sont toujours plus évidentes dans le monde d’Internet. C’était assez visionnaire au moment où cela a été écrit. Et j’ai aussi retrouvé le billet dans lequel j’annonçais que mon roman est parti chez mes relecteurs. Il est maintenant de retour, j’y reviendrai.

Moralité : je dois garder une version locale des textes que je publie, et veiller plus soigneusement aux mises à jour de WordPress. Sauvegarde, sauvegarde, et pas seulement sur le mode automatique.

Et j’ajoute qu’il y a des problèmes ailleurs : en ce moment, le train dans lequel je me trouve ne peut pas continuer sa route en raison d’un dérangement technique à la locomotive. On entend un chef de train faire des annonces d’une voix stressée au haut-parleur.