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Choses vues Le Prix du Hasard

Coquilles

C’est ennuyeux, les coquilles. J’ai lu et relu et re-relu les épreuves de mon livre, j’en ai trouvé un certain nombre, elles ont été corrigées. Un des premiers lecteurs m’a félicité parce qu’il avait pu lire le livre jusqu’au bout sans tomber sur une seule faute, ce qui est rare de nos jours.

Hélas, j’en ai laissé plusieurs, comme me l’a fait remarquer une amie, qui en a dressé la liste.

Je vous laisse le soin de les reporter dans votre propre exemplaire, si le cœur vous en dit.

Par bonheur, j’ai échappé à la pire des coquilles, celle qui consiste à oublier la lettre Q dans le mot “coquille”…

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Rapide, l’informatique ?

Pas tellement. Hier, pour me mettre à écrire, j’ai voulu connecter mon Magic Keyboard à l’iPad. Rien de plus simple ? Non, c’était compliqué, car ce clavier bluetooth était déjà jumelé à mon ordinateur de bureau, avec lequel j’utilise un autre clavier. Il a donc fallu déjumeler le clavier «magique» de l’iMac pour y parvenir. Hélas, en voulant le faire, mon doigt a glissé et c’est le trackpad que j’ai déjumelé. J’étais bloqué : impossible de déplacer le curseur, impossible de cliquer où que ce soit. Il me fallait un autre pointeur avec liaison filaire à l’ordinateur. J’ai fini par retrouver la souris de mon premier iMac couleur framboise, perdue dans un grand carton plein de vieux matériel informatique.

Une fois le trackpad reconnecté, j’ai pu déjumeler le clavier de l’iMac et le jumeler avec l’iPad. Ouf.

Pourquoi voulais-je cette connexion alors qu’un beau clavier Logitech Combo Touch est associé à ma tablette? Parce que le fonctionnement erratique de son pavé tactile me dérange quand j’écris. Le curseur saute à un autre endroit sans raison apparente. Sa surface est très sensible. Je voudrais le désactiver, mais ça n’est pas prévu. J’ai collé des post-it par dessus, mais ça n’a presque rien changé, raison pour laquelle, quand je travaille dans mon bureau, j’utilise un autre clavier pour éviter de toucher ce satané trackpad.

Au total, une demi-heure de perdue.

Si j’avais pris une feuille de papier et un crayon, ou un stylo, ou encore ma machine à écrire mécanique, j’aurais évité toutes ces contrariétés.

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En attendant

Quelques jours pour prendre des vacances. La météo n’est pas de la partie, c’est donc l’occasion de lire, de passer du temps avec les amis, d’écrire un peu, de réfléchir à la manière de reprendre, la semaine prochaine, mes activités régulières. Ce temps libre m’angoisse par moments : comment l’occuper, en tirer le meilleur parti possible, ne pas le laisser s’écouler sans que rien de spécial ne se passe ? Je rêve pourtant de ces moments quand j’en suis privé, et je me retrouve désemparé quand ils sont là. C’est bête.

À part cela, je viens de découvrir la dernière pub d’Apple pour le nouvel iPad. Je suis consterné. C’est la destruction de la culture.

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Holiday Train Show dans le Bronx

J’aime les trains, les grands comme les petits. À la fin de l’année dernière, j’ai eu le plaisir de visiter le Jardin botanique de New York, dans le Bronx, qui propose un “holiday train show” tout à fait remarquable.

Avant même d’entrer dans le bâtiment principal, où se trouve une grande serre tropicale, on découvre des constructions en bois qui supportent une voie ferrée de modèle réduit dans une échelle qui doit être à l’échelle 1:22,5, avec un écartement de 45mm. En plein air. C’est du LGB (Lehmann Garten Bahn), une marque qui appartient à Märklin depuis 2007. Le matériel supporte les intempéries, d’où son utilisation possible en extérieur, dans un jardin ou dans un parc, comme ici.

Mais l’extérieur n’est que l’apéritif, si je puis dire, car l’intérieur du bâtiment abrite des circuits plus longs et complexes. Les trains passent entre les plantes, sur des ponts impressionnants faits de branchages, devant des reproductions de bâtiments new-yorkais. Il y en a près de 200, ceux qu’on voit à Central Park, mais aussi l’ancienne Bibliothèque publique de New York, sans oublier les gratte-ciel les plus connus, du Chrysler Building au nouveau World Trade Center.

Tous sont réalisés à partir de matériaux végétaux, même la statue de la Liberté. Les concepteurs de l’installation appellent cela de l’architecture botanique.

La vidéo promotionnelle ci-dessus et ce
reportage sur CBS news donnent une idée du travail que représente la mise en place du “train show”.

Au bout d’un moment, on ne sait plus très bien où donner de la tête. Des trains circulent dans tous les sens, on passe sous des ponts en bois qui reproduisent quelques-uns des grands ponts qui traversent l’Hudson ou l’East River, et qui sont eux aussi parcourus de convois de marchandises ou des rames de wagons pour les voyageurs. On admire les bâtiments, et du coup, les plantes du Jardin botanique sont juste là pour la déco.

Pour en savoir plus, il y a encore cette page du site du Jardin botanique et cette vidéo très complète sur la fabrication des maquettes à l’aide de végétaux et leur mise en place pour le Holiday Train Show de New York :

La prochaine édition aura lieu en décembre. Si vous aimez les trains, si vous vous trouvez au bon endroit au bon moment, achetez vos billets à l’avance et allez-y à l’ouverture, car ensuite il y a vraiment beaucoup de monde.

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Blitz philosophie

Bienne, libraire Lüthy, 27 mai 2022.

On n’arrête pas le progrès.

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Longévités

Blaise Cendrars a écrit un long poème sur les aventures de ses sept oncles. Pour ma part, j’en ai eu neuf, six du côté de mon père, trois du côté de ma mère, qui avait aussi une sœur. De ces neuf, deux sont encore vivants. Leurs aventures sont très différentes de celles des oncles de Cendrars et elles ont toutes eu le Jura pour cadre, sauf pour l’un d’eux, qui a beaucoup voyagé.

Image tirée du Quotidien jurassien, 19 juin 2021.

J’ai assisté aujourd’hui aux funérailles de Joseph (celui qui est tout à droite sur la photo), décédé dans sa 99e année, après une longue retraite qu’il a eu le privilège de vivre en bonne santé. Il était le frère de mon père, Henri, aîné de la fratrie, qui est mort à 64 ans, quelque mois avant sa retraite, qu’il attendait comme une délivrance. Joseph a donc vécu 34 ans de plus que mon père : autant dire une fois et demie la vie de mon père. Et il a vécu plus de deux fois la vie de Gilbert, le deuxième des 7 frères, décédé à l’âge de 42 ans. Gilbert s’est marié le premier et il a eu cinq enfants, dont trois sont plus âgés que moi. Quant aux quatre derniers oncles de cette fratrie, ils sont tous devenus octogénaires.

Je ne sais pas quelle morale tirer de cette histoire, sinon l’imprévisibilité de la durée de la vie – de ma vie. Un dernier exemple pour s’en convaincre : ma grand-mère maternelle, qui ne brillait pas par sa santé, est devenue centenaire, mais sa fille, ma propre mère, a vécu trente ans de moins.

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Donnez-moi des ordres, s’il vous plaît !

“Nous voulons une dictature, la même pour tous !”

Voilà ce que je crois entendre quand je suis les informations que donne la RTS au 19h30 (exemple 1, exemple 2) ou dans ses bulletins horaires à la radio. On reproche au Conseil fédéral son inaction, le retard qu’il met à gouverner par ordonnances, la liberté qu’il laisse aux cantons de prendre des mesures qui ne sont évidemment pas uniformes pour lutter contre la propagation du covid-19.

Personnellement, je ne veux pas d’une dictature, ni d’un pouvoir central qui dicte ma conduite. Je préfère que l’initiative soit laissée aux cantons tant que c’est possible, et qu’on fasse appel à la responsabilité de chacun. Ils ne prennent pas exactement les mêmes mesures ? Il y a des cantons qui ferment les restaurants à 22 h, d’autres à 23 h, d’autres à minuit ? Et alors ? Penser globalement, agir localement, je croyais que c’était la sagesse, mais je commence à me sentir bien seul de mon avis.

C’est étrange. Quand on en appelle à la responsabilité individuelle, certaines personnes ont l’air de trouver que c’est une position de faiblesse. Mais les faibles, ce sont ceux et celles qui agissent n’importe comment tant qu’ils n’ont pas le couteau sur la gorge ou un gendarme dans leur dos. Et une fois que la contrainte est là, ils se rebiffent et disent tout le mal qu’ils pensent des mesures mises en place.

Cette attitude paraît plus présente en Suisse romande que du côté alémanique. Sommes-nous à ce point fascinés par la mentalité jacobine, par le centralisme français ? Par l’autorité de l’État qui devrait s’exercer d’en-haut ? Top-down intégral ?

Je trouve cela navrant. Et préoccupant.

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L’École d’Athènes et la plaque de chocolat performative

De passage à Lucerne, la semaine passée, j’ai visité le Musée des Beaux-Arts au quatrième étage du KKL. Il présentait entre autres l’exposition annuelle des artistes de la Suisse centrale, ainsi qu’une installation de Simon Ledergerber intitulée l’École d’Athènes (vidéo à voir en suivant le lien).

Simon Ledergerber, Die Schule von Athen. Photo Kunstmuseum Lucerne

Quand je pense à l’autre École d’Athènes, celle de Raphaël, qui est une allégorie de la philosophie, je trouve celle de Ledergerber bien peu peuplée. Mais qui sait si elle n’est pas en phase avec une certaine philosophie de notre époque, occupée à tourner en rond en grattant les murs à la recherche de traces anciennes ?

Raphaël, L’École d’Athènes, Palais du Vatican, Chambre de la signature. Image Wikipedia.

L’élément qui a vraiment retenu mon attention lors de ma visite était une table dans un couloir, où étaient disposées une douzaine de tablettes de chocolat avec une pièce de 5 francs, rappelant les cadeaux qui font plaisir aux enfants. Une information en deux langues posée sur la table invitait à en prendre une, à condition de l’offrir le jour même à une personne inconnue.

J’ai pris celle de la photo ci-dessus en me demandant à qui je pourrais bien la donner. Un SDF ? Un mendiant ? Ce serait parfait, mais je n’en ai pas vus. À cela s’ajoutait la crainte de devoir tout expliquer, le musée, la table, la consigne à observer. Celle d’essuyer un refus aussi : une tablette de chocolat est facile à accepter, mais il y avait la pièce de 5 francs.

Finalement, le bénéficiaire a été l’employé du wagon restaurant dans le train de Bâle à Berne (j’ai beaucoup voyagé ce jour-là). Il avait plusieurs repas à servir, il était stressé et il passait à côté de moi sans même me demander ce que je voulais. J’ai dû insister pour passer commande. J’étais irrité, il ne m’était pas sympathique. Je lui ai donné la plaque après avoir payé mes consommations, peu avant Berne, en lui disant qu’elle était pour lui, que c’était un cadeau, ein Geschenk. Et là, il a été transfiguré en homme content, souriant, heureux. Il m’a remercié plusieurs fois, et m’a encore apporté un espresso pour me remercier une fois de plus.

J’ai fait un cadeau qui ne m’a rien coûté, sauf qu’il m’engageait à faire quelque chose de précis. Celui qui l’a reçu s’est empressé de m’offrir quelque chose. Don, contre-don. Et l’occasion d’une expérience déstabilisante pour lui et pour moi.

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Le match chinois de Walter Bosshard et Robert Capa

Robert Capa (1913-1954) est un photographe bien connu. Celle de ses photos qui montre un milicien républicain fauché par une balle franquiste est devenue l’icône de la guerre civile espagnole.

Photo Robert Capa / Magnum photos

Capa a photographié tous les grands conflits de son époque, dont la guerre sino-japonaise, en même temps qu’un de ses collègues, le Suisse Walter Bosshard (1892-1975). La Fotostiftung de Winterthour permet de les redécouvrir. Le site L’œil de la photographie donne une description exhaustive de l’exposition La Course à la Chine.

Capa et Bosshard, devenus amis, étaient en concurrence pour une publication dans Life. Bosshard gagne la course. Il a une connaissance étendue du terrain, où il a déjà beaucoup voyagé et vécu; il s’intéresse à la vie des gens, à leur quotidien, à leurs souffrances. Il va là où personne ne va, avec un côté aventurier sans peur et sans reproche. Ses images de la Mandchourie révèlent un pays extraordinaire. Il va aussi visiter Yan’an, la “capitale rouge”, et il est le premier à publier un portrait de Mao Zedong.

Mao Zedong à Yan’an, par Walter Bosshard

 

Ses images de la guerre sino-japonaise montrent combien cette guerre a été meurtrière et destructrice. La Chine, politiquement divisée, ne parvient pas à résister à l’invasion japonaiose. Étonnamment, Bosshard a ses entrées aussi bien du côté japonais que du côté chinois et photographie les généraux des parties adverses. C’est du très bon photojournalisme.

Walter Bosshard: Japanischer Bombenangriff auf eine Bahnlinie, Hankou, 1938 © Fotostiftung Schweiz / Archiv für Zeitgeschichte

Capa n’a pas eu la latitude de mouvement dont jouissait Bosshard. Mais la différence saute aux yeux. L’exposition présente quelques-unes de ses photos. Les différences sautent aux yeux : il est meilleur dans la composition, meilleur dans le cadrage, et il y a presque toujours du mouvements dans ses images. Il raconte quelque chose quand Bosshard montre et décrit.

Robert Capa: Wounded soldiers, Tai’erzhuang, Xuzhou front, China, April 1938 © International Center of Photography / Magnum Photos

Mais l’exposition vaut une visite rien que pour Bosshard. Les photos de Capa en supplément.

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Co-working mobile

Je n’ai jamais loué d’espace de travail lors de mes déplacements : je préfère les wagons-restaurants. J’ai déjà expliqué ici que j’aime écrire dans les trains. Le mouvement, le défilement du paysage, le balancement des wagons me paraissent propices à l’invention des idées. Une place y coûte le prix d’un café et le personnel ne pousse pas à la consommation.

Les heures du matin sont les plus favorables. Je me suis trouvé plusieurs fois dans des trains où toutes les tables étaient occupées par des gens piochant sur le clavier de leur ordinateur. On travaille davantage sur Bienne-Genève que sur Bienne-Zurich, comme si les gens qui partent en voyage s’envolaient plus souvent de Zurich que de Genève.

L’après-midi, c’est différent. Davantage de retraités de retour de balade. Ou de gens stressés, par exemple cette femme, très élégante, qui n’a pas cessé de parler fort au téléphone entre Zurich et Olten, et en gesticulant. Business is business, mais on la préférerait dans son bureau, porte fermée. Je n’ai pas toujours envie de porter des écouteurs pour couvrir le bruit des voix. Vers le soir, quand les gens rentrent du travail, le niveau sonore augmente avec les bières .

Où peut-on travailler quand on n’est pas chez soi et qu’on est descendu du train ? Les bibliothèques sont silencieuses comme des églises. Sinon, en milieu de matinée et d’après-midi, les restaurants des supermarchés sont très bien.