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Dérèglement climatique Zeitgeist

Jusqu’ici, tout va bien

Vu à Delémont dimanche dernier :

Chaque mois qui passe constitue un nouveau record de chaleur par rapport aux années précédentes. Quand l’isotherme du zéro degrés se situe à 5298 mètres comme c’est arrivé en Suisse l’an dernier, on se dit qu’il y a de quoi se faire du souci.

Les équilibres naturels sont compromis. Les incendies de forêt deviennent de plus en plus nombreux et difficiles à combattre. Ils libèrent des quantités inouïes de CO2 dans l’atmosphère, rendant dérisoires nos efforts pour limiter nos propres dépenses en CO2.

On entend dire que les microplastiques sont un problème, et on sait déjà que les voitures électriques en produiront davantage que les voitures thermiques, parce que leurs pneus s’usent plus rapidement.

Dans de nombreux pays, les électeurs votent de plus en plus pour les partis d’extrême droite. Il semble y avoir une aspiration pour des gouvernements autoritaires, mais il est peu problable qu’ils apporteront des solutions efficaces pour relever les défis climatiques. Et je ne parle pas des guerres, en Ukraine, à Gaza, et dans de nombreux autres endroits, ni des famines, ni de la misère, ni de…, ni de…

On va dans le mur, clairement. Cela me rappelle une phrase culte dans La Haine de Matthieu Kassovitz : jusqu’ici tout va bien. L’important, ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

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Temps de plomb

Les nouvelles de la guerre en Ukraine ont immédiatement succédé au soulagement qui a suivi la levée des restrictions sanitaires mises en place en raison de l’épidémie de Covid-19 — qui paraissent bien légères en comparaison de ce qui se déroule jour après jour depuis le 24 février : les millions de réfugiés fuyant les villes ravagées par les bombardements, ces hommes et ces femmes qui résistent contre toute logique à la puissance de l’armée russe, avec un courage qui suscite l’admiration, alors que, pour notre part et à notre honte, nous en sommes à craindre la hausse du prix de l’essence et l’éventuelle indisponibilité de tel ou tel produit, en essayant de ne pas penser trop fort aux développements immenses que pourrait prendre ce conflit.

Comment, dans ces conditions, continuer comme si de rien n’était, comment savoir quoi faire ou ne pas faire? Pour ma part, je n’ai jamais cru que la chute du Mur de Berlin, cet événement inespéré, ouvrait une période de paix plus ou moins perpétuelle, mais ça me fait mal d’avoir raison. Qui sait au-devant de quels bouleversements, de quels périls nous allons ? J’essaie de me rassurer avec cette parole de Claudel : « Le pire n’est pas toujours sûr », mais ça marche moyennement. Mieux vaut prier.

Des réfugiés par millions, des séparations, des morts, du malheur, des souffrances, du désespoir. Voilà les fruits de la guerre. S’y ajoutent, dans le désordre, des action héroïques, des poussées de haine, des élans de générosité envers les victimes, des crimes affreux. Et pourtant, il y a déjà des gagnants : les marchands d’armes et ceux qui calculent les bénéfices que l’inflation va leur permettre d’engranger.

La situation réintroduit du sérieux dans nos existences. Elle nous rappelle notre fragilité et notre mortalité. Elle s’ajoute à toutes les préoccupations liées à la dégradation de la planète. Ce monde qui part en vrille n’est pas celui que nous pensions léguer à nos enfants, et pourtant il est là. Plutôt que de passer du temps à désigner des coupables ou à nous auto-flageller, réveillons notre compassion et prenons nos responsabilités pour produire, là où nous sommes, de la dignité, de la justice et de l’amour. Tout ne sera pas fini au moment où nous mourrons. Je crois à la vie éternelle et j’ai la conviction que c’est ici-bas, maintenant, demain et tous les jours qui nous seront encore donnés, que se joue la manière dont nous la passerons.

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Changer les mots pour mieux voir les choses

J’ai parlé hier du nouveau rapport du GIEC en pensant réchauffement climatique ou changement climatique, et je m’aperçois aujourd’hui que ces termes ne sont plus appropriés. C’est Dominique Burg, interrogé par Le Temps, qui m’a repris sur cette question. Selon lui, il faut repenser les mots du climat.

Le réchauffement climatique désigne l’augmentation de la température moyenne à la surface du sol. Terme ambigu, parce que, dans certains endroits, il peut faire plus froid que d’habitude; terme piège, parce que je me souviens bien, il y a quelques années, des gens qui se réjouissaient de ce réchauffement : il fait meilleur chez nous, le vin gagne en qualité, et nous avons des soirées agréables comme si nous étions en vacances.

Le changement climatique n’est pas un terme plus approprié. C’est une formule trop neutre, explique Burg, « elle implique que le climat peut changer dans tous les sens. Ce n’est pas relié à quelque chose de concret, que l’on va vivre. » Idem pour l’urgence climatique, qui nous focalise sur ce qui se passe maintenant : nous devons réfléchir aux conséquences que nos actions ou notre inaction auront sur les années à venir, par exemple à la fin du XXIe siècle…

Il vaut mieux parler de dérèglement climatique, ou de catastrophe climatique, deux termes qui prennent mieux en compte la responsabilité humaine.

Les termes inadéquats masquent les problèmes. Il faut nommer correctement les choses pour être en mesure de les affronter, tant bien que mal.