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Choses vues Écrire

L’effet publication

L’autre jour, à la caisse de la Coop, ma carte de crédit était introuvable. Perdue ? Volée ? J’avais le sentiment que non. Il fallait donc chercher où elle était. Je me suis souvenu que je l’avais utilisée en dernier pour acheter du vin et j’ai appelé le vigneron. Son épouse m’a promis de me rappeler quelques minutes plus tard, le temps de vérifier. Au moment où j’ai reposé le téléphone, j’ai su qu’elle était restée dans la poche poitrine de la chemise que je portais la veille. Elle y était. Content et confus, j’ai dit à la dame que je avais retrouvé ma carte et je lui ai présenté mes excuses pour le dérangement.

Le fait de “publier” la perte de ma carte a modifié ma perception de la chose et réveillé le souvenir de l’endroit où elle se trouvait.

C’est pareil avec l’écriture. On a beau lire, relire et faire relire son texte à d’autres, c’est quand il est imprimé que les fautes apparaissent. On tient le livre tout frais dans sa main, on l’ouvre au hasard, et on tombe sur une coquille. Le changement de perception est troublant : quand tout était encore modifiable et remédiable, on ne voyait rien. Quand c’est trop tard, les problèmes sautent aux yeux.

 

Je m’en suis encore rendu compte la semaine dernière avec le billet sur Joni Mitchell, que j’ai eu de la peine à écrire. Sitôt publié, j’ai modifié la conclusion du billet, parce que je me suis rendu compte que je n’avais pas tenu compte d’un passage important de la chanson. Et j’y suis encore revenu le lendemain. Effet publication : enfin, le texte apparaît pour ce qu’il est. Heureusement, on modifie plus facilement un blog qu’un livre imprimé.

Je ne dirai pas ce qui a changé dans ce texte, dont je ne suis toujours pas satisfait, parce que j’y évoque brièvement des idées peu familières qu’il faudrait expliquer en détail. Mais si le phénomène vous intéresse, abonnez-vous au blog : vous recevrez les nouveaux posts au moment de leur première publication.

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Inscription locale

Curieux de vérifier comment Dürrenmatt avait traité l’inscription locale de son polar Le juge et son bourreau, je l’ai relu en allemand, car la traduction française n’est disponible ni sur iBooks, ni sur Kindle. J’y ai trouvé quelques drôleries absentes en français, par exemple dans les dialogues avec le policier Charnel, dont l’allemand laisse à désirer.

J’avais presque tout oublié du livre, sauf le nom du commissaire Bärlach et le fait que l’action se déroule en partie à Lamboing, dans une maison isolée, celle du personnage Gastmann. La maison existe, elle se trouve à quelques centaines de mètres de chez moi. Je n’y suis jamais entré, mais, dans le parc qui l’entoure, il y a toujours autant de voitures garées que dans le livre.

Photo J.-F. Jobin

Dans ce roman, écrit entre 1950 et 1951, Dürrenmatt oppose Bärlach à Gastmann, un “nihiliste” qui a autrefois parié qu’il pourrait commettre un crime pour lequel on ne pourrait jamais le condamner, faute de preuves suffisantes. Ce qu’il a fait à Constantinople, sous les yeux de Bärlach. Il n’en est pas resté là. On le retrouve en lobbyiste assez trouble opérant à Lamboing, ein gottverlassenes Dorf que personne ne connaît. Bärlach, qui sait que la maladie ne lui laissera plus beaucoup de temps à vivre, s’érige en juge de Gastmann et lui envoie un bourreau pour l’exécuter. Son sens de la justice le conduit à agir en solitaire et en dehors des procédures judiciaires standard.

J’en reviens à l’inscription locale de Der Richter und sein Hecker. Septante ans plus tard (le roman commence au matin du 3 novembre 1948), bien des choses ont changé. La question jurassienne, qui avait éclaté à l’automne 1947 et se trouve mentionnée dans le roman, est aujourd’hui officiellement close. Il n’y a plus de poste de police à Lamboing, plus de station-service à Douanne, où le Bären propose maintenant des sushis; les sapins ont remplacé les peupliers autour de la maison Gastmann, des autoroutes ont été construites, des limitations de vitesse introduites, et on fume beaucoup moins de cigares. Cependant, les itinéraires empruntés par les personnages entre Berne et Lamboing existent encore, ainsi que les bouchons à l’entrée de Bienne. On situe sans peine les endroits décrits et je n’ai relevé qu’une erreur : quand on monte à Lamboing par la route de Schernelz (Cerniaux en français), il faut tourner à droite, et non à gauche, pour franchir le pont sur la rivière. Si on excepte ce détail, on peut très bien marcher aujourd’hui encore sur les traces des personnages.

Autre lieu intéressant, celui où Dürrenmatt se met lui-même en scène dans le personnage d’un écrivain, à un endroit qui ne peut être que Festi, au-dessus de Gléresse, où il a d’ailleurs habité, comme d’autres artistes d’ailleurs, Max Bill par exemple. Pour qui cela intéresse, prendre le funiculaire qui relie Prêles à Gléresse et descendre à l’arrêt Festi. C’est un point de vue exceptionnel. En 2016, on y a d’ailleurs monté une pièce de théâtre tirée du roman.

Je vis dans un endroit irrigué par la littérature. Les poètes Hugues Richard et Francis Giauque sont du Plateau de Diesse. Plus bas, au milieu du lac de Bienne, il y a l’île Saint-Pierre, où Jean-Jacques Rousseau dit avoir passé les plus belles semaines de sa vie. Un peu plus à l’ouest, Tschugg, où Hegel, en 1796, a travaillé comme précepteur des deux filles et du fils du patricien bernois Carl Friedrich Steiger. Et Dürrenmatt, bien entendu. J’en oublie certainement.

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Olio Fiat, ou l’amour des mots

Je ne peux pas voir quelque chose d’écrit sans essayer de le lire, que ce soit le nom des rues, les publicités ou les titres du journal que je déchiffre à l’envers quand quelqu’un le lit en face de moi.

Les mots m’ont fasciné avant que je sache lire. Je m’interrogeais sur leur sens, je posais des questions, et j’essayais de deviner quand les réponses n’était pas satisfaisantes. Dans les années cinquante, par exemple, j’accompagnais mes parents à la messe du dimanche. C’était en latin et il y avait des termes qui semblaient vouloir dire quelque chose. Quand j’entendais Dominus vobiscum, je pensais à vos biscômes et je me demandais de quel petit chien on parlait quand on répondait Et cum spiritu tuo.

Nous habitions non loin d’un passage à niveau. Je m’y arrêtais pour regarder la voie ferrée en direction du sémaphore, les yeux rivés sur les traverses et le ballast entre les rails : ça avait peut-être un rapport avec le fruit de vos entrailles du Je vous salue Marie. Pas facile de comprendre la religion catholique quand on est petit.

Il n’y avait pas que les énigmes de la religion. Mon père aimait chanter Sentiers valaisans, qui le mettait particulièrement en joie. Pas de souci tant qu’il s’agissait des sentiers de là-bas, de là-haut, sentiers conduisant vers un ciel toujours plus haut. C’est après que ça devenait incompréhensible pour mes cinq ans : oh ho, oh holio, oh ho, oh holio, etc. Un an plus tard, quand il a acheté sa première voiture, une Fiat 1100 TV (TV pour Turismo Veloce), une inscription sur le tableau de bord m’a livré un début de piste : Olio Fiat. Mais apparemment, ce n’était pas la bonne.

C’est ainsi que j’ai commencé à aimer les mots. Tout leur mystère ne s’est pas encore évaporé.

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Le temps paisible

Sylvain Tesson a écrit Dans les forêts de Sibérie. Il y tient le journal des mois de février à juillet 2010, qu’il a passés en solitaire dans une petite cabane au bord du lac Baïkal, à des heures de marche de ses voisins les plus proches. Son ermitage lui a donné l’occasion de faire des observations intéressantes. En voici trois où il est question du temps, de la tenue d’un journal intime et du désir. Elles rachètent son côté donneur de leçons, parfois irritant ailleurs dans le livre.

L’homme libre possède le temps. L’homme qui maîtrise l’espace est simplement puissant. En ville, les minutes, les heures, les années nous échappent. Elles coulent de la plaie du temps blessé. Dans la cabane, le temps se calme. Il se couche à vos pieds en vieux chien gentil et, soudain, on ne sait même plus qu’il est là. Je suis libre parce que mes jours le sont.

Tout ce qui reste de ma vie ce sont les notes. J’écris un journal intime pour lutter contre l’oubli, offrir un supplétif à ma mémoire. Si l’on ne tient pas le greffe de ses faits et gestes, à quoi bon vivre : les heures coulent, chaque jour s’efface et le néant triomphe. Le journal intime, opération commando menée contre l’absurde.

J’archive les heures qui passent. Tenir un journal féconde l’existence. Le rendez-vous quotidien devant la page blanche du journal contraint à prêter meilleure attention aux événements de la journée – à mieux écouter, à penser plus fort, à regarder plus intensément. Il serait désobligeant de n’avoir rien à écrire sur sa page de calepin. Il en va de la rédaction quotidienne comme d’un dîner avec sa fiancée. Pour savoir quoi lui confier le soir, le mieux est d’y réfléchir pendant la journée.

Nous jouons sur la plage. Je leur lance l’os de cerf déniché par Aïcha. Ils ne se lassent jamais de me le rapporter. Ils en mourraient. Ces maîtres m’apprennent à peupler la seule patrie qui vaille : l’instant. Notre péché à nous autres, les hommes, est d’avoir perdu cette fièvre du chien à rapporter le même os. Pour être heureux, il faut que nous accumulions chez nous des dizaines d’objets de plus en plus sophistiqués. La pub nous lance son « va chercher ! ». Le chien a admirablement réglé le problème du désir.

Pages 72, 137-138 et 155-156 de l’édition Gallimard parue en 2011..

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Écrire Slow Motion

Abonnement général

J’aime les trains. J’ai acheté un abonnement général avec lequel, une fois par semaine, je pars faire un grand tour, qui commence inévitablement par un trajet en bus jusqu’à La Neuveville, ou en funiculaire jusqu’à Gléresse. Aujourd’hui, par exemple, j’ai eu envie de traverser les Alpes et je suis allé à Lugano. Le trajet est long, d’autant qu’il faut ensuite en revenir, mais ça ne me gêne pas car, dans le train, je lis, je réfléchis et j’écris souvent mieux et davantage qu’à la maison. Sur les grandes lignes, tant que le train ne s’arrête pas, je suis captif ; sur les petites, je n’ai aucune envie de descendre dans un patelin où je n’ai rien à faire et où je me sentirais intrus si je m’aventurais dans le café du coin. Du coup, je me concentre sur les choses que je peux faire là où je suis : lire, écrire et réfléchir en regardant le paysage qui défile ou en observant les autres passagers.

L’endroit que je préfère est le wagon restaurant des ICN. Fenêtre à gauche, peu importe le sens de la marche. À l’une des grandes tables si possible. Il y a des nappes en tissu et on peut bouger les chaises.

En général, je me donne une destination et un but : aller voir quelqu’un ou visiter une exposition, mais pas toujours : il m’est arrivé de descendre au terminus de Saint-Gall pour acheter un sandwich et de remonter ensuite dans le train qui repartait en sens inverse.

J’ai mes points de chute dans plusieurs villes : des cafés où je me sens bien, des bibliothèques, des parcs quand il fait beau. Les restaurants Coop ou Manor sont d’excellents endroits pour travailler en matinée ou l’après-midi.

Il y a un paradoxe à circuler dans tout le pays pour me concentrer sur des choses que je peux faire à la maison. Mais dans le train, je ne me préoccupe pas du ménage, je ne vais pas voir ce que le facteur a apporté, je ne m’occupe pas de cette réparation qui attend depuis un moment, je ne résiste pas à la tentation de décrocher le téléphone quand il y a des appels publicitaires. Et je ne réponds pas aux sollicitations des chats.

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Roman noir

J’ai déjà dit ici que j’ai écrit un roman dont le titre est Chasseral love. Au début de l’an dernier, je l’ai donné à lire à des personnes de confiance, qui m’ont communiqué leurs réactions, toutes positives sauf une, la plus difficile à recevoir comme il se doit. Elles m’ont fait découvrir les qualités et surtout les faiblesses du livre : répétitions, insistance excessive sur certaines choses, réactions déconcertantes de certains personnages. Le plus grand défi m’a été posé par l’ami juriste, qui m’a expliqué que ma compréhension du fonctionnement de la justice correspondait à la justice qu’on voit à la télé et dans les films, mais pas à celle en usage en Suisse depuis la mise en application du nouveau Code de procédure pénale le 1er janvier 2011. Aucun des autres lecteurs ne s’était aperçu du problème.

Or mon roman se passe en Suisse. Le défi était difficile à relever, parce que deux ressorts dramatiques importants reposaient sur mon ignorance du droit. Les corrections ont nécessité un travail important. Une chose en entraînant une autre, la révision de mon manuscrit a duré jusqu’au début du mois de décembre. Des centaines d’heures. Tout le livre en bénéficié, y compris les passages auxquels je n’avais en principe rien à changer : chasse aux adverbes, aux adjectifs, aux répétitions, aux lourdeurs, aux briseurs de rythme. Des chapitres ont disparu, d’autres sont nés. Au total, le livre a perdu 10% de son volume, mais il est meilleur.

J’ai pu m’en assurer en le faisant lire dernièrement par quelques personnes du métier. Je sais maintenant que j’ai réussi mon pari d’écrire un page turner qu’on n’a pas envie de lâcher avant la fin, je sais que mes personnages sont plus intéressants et plus crédibles, je sais que j’ai écrit un roman noir.

Roman noir ? Question de genre (littéraire). Au départ, je voulais écrire un petit roman sans prétention, je disais “mon roman de gare”, peut-être un polar. Mais mes personnages ont leur vie et l’histoire a pris un tour que je n’avais pas imaginé au début. Chasseral Love n’est plus un roman de gare, ni un polar au sens strict du terme, mais un roman noir, ainsi défini par Wikipedia :

Le roman noir semble difficile à définir de par sa structure instable et ses diverses variations dans le temps. Cependant on peut relever certains éléments récurrents qui le caractérisent : un univers violent, un regard tragique et pessimiste sur la société, un fort ancrage référentiel et un engagement politique ou social.

D’autres thématiques sont présentes mon livre, mais dans l’ensemble, la définition est correcte.

J’attends maintenant le verdict des éditeurs à qui je l’ai envoyé.

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Chasseral love part en lecture

Ces dernières semaines, j’ai été occupé à réviser la version 2 de mon roman. La version 3.1 est maintenant prête à partir chez les personnes qui se sont déclarées d’accord de me donner leur avis.

Avec Chasseral love, je n’ai pas voulu faire de la « littérature » : j’ai voulu raconter une histoire. C’est un thriller situé dans la région où je vis, comme le laisse entendre le premier mot du titre. Aujourd’hui, il me quitte pour d’autres yeux et j’ai l’impression qu’il commence à m’échapper. Je crains qu’il soit mal reçu. Je réalise qu’on pourra le trouver choquant, grossier, mal ficelé — ou sans intérêt.

Je suis souvent passé de la fierté au découragement et inversement. Découragement devant les tics d’écriture, les répétitions, les lourdeurs et ces adverbes qui poussent comme le chiendent. Fierté quand je relis un bon dialogue, quand mes personnages vivent leur existence propre, quand l’intrigue rebondit. Puis le sentiment de la vanité de l’entreprise : un éditeur s’intéressera-t-il à mon roman ? Et s’il s’en trouve un, le livre, noyé au milieu de milliers d’autres, trouvera-t-il son public ?

Au début, c’était un jeu, je voulais changer de genre, voir si je parvenais à passer de l’essai au roman. Le verdict va bientôt tomber. Quand je pense à tout le temps que j’ai passé à écrire ce truc, je me demande si je suis dans mon bon sens. Heureusement, je ne pense pas qu’à ça.

Note : cet article a été récupéré le 9 mars 2017 sur Google, où il était en cache. Il fait partie de ceux qui ont été remplacé par des textes “pirates”.

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Mon roman en version 2

Je viens de terminer la version 2 d’un roman que j’ai commencé d’écrire il y a quatre ans sur un coup de tête, sur l’envie d’écrire autre chose que des essais ou des articles, de laisser la philosophie pour me mettre à un thriller. Le déclencheur a été la lecture de La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, le roman de Joël Dicker, que j’ai trouvé agréable, divertissant, superbement construit. Je me suis convaincu que j’étais capable d’en faire autant. C’est présomptueux, mais ça aide à démarrer.

Le manuscrit secret

Le manuscrit a connu des pannes. Ce n’était pas un projet prioritaire, mais trois choses m’ont aidé à ne pas le lâcher. La première est la conviction qu’il vaut mieux écrire quelque chose de nul que rien du tout. Un premier jet merdique (Anne Lamott, dans Bird by Bird, parle de shitty first draft) est un point de départ à partir duquel on peut travailler. On renonce donc à le détruire. La deuxième a été la surprise que je me souciais réellement de mes personnages; ils ont grandi et évolué à la mesure de ma préoccupation pour eux. La troisième est la sourde certitude que quoi que je fasse, quelle que soit mon occupation professionnelle et la manière dont je perds mon temps, je suis fondamentalement un écrivain, que l’écriture est à la racine de mon identité, que je dois lui donner enfin la place qui lui revient.

Cette version 2, je vais la réviser avant de la donner à lire à deux ou trois personnes de confiance. Elles me donneront leur avis avant que je me risque à chercher un éditeur. Si le retour de ces premiers lecteurs est négatif, j’en resterai là et je commencerai autre chose. Le plus probable est qu’ils me donneront des pistes pour améliorer l’œuvre – ou la sauver du désastre. On en reparlera.

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Retour à l’écriture

Je me suis souvent demandé si le sentiment d’avoir de moins en moins de temps à disposition était un effet de l’âge. On n’a plus la même énergie à disposition; il devient difficile de maintenir l’hyperactivité que notre époque semble attendre de chacun dans la profession comme dans les loisirs.

Parvenu enfin au terme de mes obligations professionnelles, je me suis réjoui de retrouver du temps tout neuf, du vrai loisir, sans autres obligations que celles que je me donnerais. Après avoir vu au fil des dernières années s’amenuiser les moments que je pouvais consacrer à l’écriture, je me suis dit que j’allais enfin pouvoir m’y mettre sinon à plein temps, du moins plusieurs heures par jour et tous les jours.

C’était sans compter l’apparition de demandes nouvelles. Surtout, j’oubliais tout ce que je m’étais proposé d’entreprendre quand j’aurais ma retraite : des balades, des voyages, des lectures, des rénovations à la maison; je voulais me remettre à la cuisine, retourner au cinéma, revoir des gens, faire de la musique, apprendre enfin à dessiner, purger ma bibliothèque de tout ce qu’elle contient de livres devenus inutiles, changer la disposition de mon bureau, et j’en oublie. Bien entendu, quand je me mets à une séance d’écriture, tous ces autres projets se mettent à briller de mille feux et deviennent plus désirables que ce bête travail solitaire devant la feuille ou l’écran.

Il n’y a pas d’autre solution que de décréter sans pitié que l’écriture sera la priorité, qu’elle aura sa place tous les jours, et de s’y mettre avant de passer aux autres choses. Pas parce que je produirai à coup sûr des textes intéressants, mais parce que c’est ma décision et que c’est ainsi que ça marche. Même si je ne commence plus mes journées à cinq heures du matin.

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Comment j’apprends à écrire

Vous me direz que c’est tard pour me mettre à apprendre à écrire. Mais il s’agit d’écrire une histoire. J’ignore quand je pourrai conclure, mais je suis convaincu que ce moment arrivera. Ce que je sais maintenant, c’est que j’ai une dette immense envers Shawn Coyne.

Vous ne le connaissez pas ? Allez sur The Story Grid et vous verrez de quel bois il se chauffe. C’est tout à fait déstabilisant pour quelqu’un qui a grandi dans la culture française et son culte du génie littéraire. Sauf que si l’on appliquait les choses qu’il a découvertes et qu’il livre avec une générosité déconcertante, les romans français qu’on publie de nos jours nous tomberaient moins facilement des mains.

Thank you so much, Shawn. You’re a great man.