Je mets de la musique quand je travaille et que je veux m’isoler d’un environnement sonore qui me dérange. Elle doit me distraire le moins possible. Je choisis celle que j’ai usée à force de l’entendre, celle dont j’ai l’habitude, celle dans laquelle il n’y a plus de surprise, et c’est encore mieux si ce n’est pas chanté. La plupart du temps, je préfère le silence.
Quand je vais courir, j’écoute aussi de la musique, mais ce sont des choses moins familières, en général des chansons réunies dans une playlist composée à partir des propositions d’Apple Music. Là, j’ai le loisir d’écouter les mélodies, les arrangements, la qualité du chant, le timbre des voix, les rythmes, les couleurs sonores, la ligne de basse. Les paroles ne comptent presque pas. Si je ne comprends rien, ça m’est égal : j’écoute du rock suisse allemand avec plaisir. J’écoute même des chansons nouilles si le reste est bon. En revanche, je purge ma liste de ce qui est vulgaire, blasphématoire ou qui heurte frontalement mes valeurs.
Donc je cours, je regarde le paysage, je fais attention où je mets les pieds pour éviter les escargots, je goûte la fraîcheur du matin, je salue les vaches qui me regardent passer avec leur air forcément bovin et, au bout d’un moment, j’oublie la musique qui, pourtant, m’accompagne, me détache de ce qui me préoccupe et me donne, parfois, un tempo pour ma course. Mais il arrive que des mots ou des phrases réveillent mon attention, et je me mets à écouter attentivement. J’y reviendrai dans un prochain billet.
J’ai donc besoin de musique pour me concentrer et pour éviter la distraction causée par les bruits ambiants ou les gens qui parlent à proximité. Et j’ai aussi besoin de musique pour me déconnecter de mes préoccupations.
Les circuits neuronaux de l’attention
Toutes les musiques ne sont pas également efficaces, comme l’a montré un article récent dans Le Temps : Pourquoi les musiques de jeux vidéo sont les meilleures pour se concentrer au travail. L’auteur explique que avons deux circuits neuronaux de l’attention. Le premier est conscient. C’est lui qui nous permet de diriger notre attention sur une tâche et de nous concentrer sur son accomplissement. Le deuxième, inconscient, réagit aux événements qui se passent dans notre environnement immédiat et réclame l’attention du premier, qui est dérangé dans sa concentration. Comme si cela ne suffisait pas, des neurones sentinelles évaluent en continu l’intérêt de la tâche en cours et nous font décrocher si le compte n’y est plus. Tout m’afflige et me nuit, et conspire à nuire, disait Phèdre chez Racine. C’est un peu cela, dans un autre registre certes.
Dans ces conditions, il faut ruser, et la musique est un allié de choix : elle est “un os pour le chien” : elle occupe le circuit inconscient de l’attention, qui fiche la paix au circuit conscient. Celui-ci peut rester concentré sur sa tâche, favorisant la sacro-sainte créativité, c’est-à-dire le rendement. Encore faut-il qu’elle soit bien choisie : une musique d’ambiance, instrumentale (les voix sont “des aimants à attention”), au tempo modéré, comme celle des jeux vidéo, saura “bercer l’attention inconsciente”.
L’article propose cette playlist tirée de jeux vidéo :
Travaillez une heure avec elle, et l’heure d’après, continuez avec Radio Swiss Pop. Sentez-vous la différence ?
Une réponse sur « Mes usages de la musique »
[…] je le disais la semaine dernière, je suis assez indifférent aux paroles des chansons que j’écoute, mais il y a des exceptions, […]