La Bible, je l’ai lue plusieurs fois de la Genèse à l’Apocalypse, mais j’ai adopté depuis quelques années ce que j’appelle la méthode Laurence, du nom d’une amie maintenant décédée. La méthode Laurence consiste à diviser l’ensemble des livres qui composent la Bible en sept parties, une par jour de la semaine.
Chez moi, cela donne ceci :
– lundi : le Pentateuque
– mardi : les Évangiles
– mercredi : les livres historiques, de Josué à Esther
– jeudi : les Actes des apôtres et les épîtres de Paul
– vendredi : les livres prophétiques, d’Esaïe à Osée
– samedi : le reste du Nouveau testament, de l’épître aux Hébreux à l’Apocalypse
– dimanche : les livres poétiques et les Petits prophètes (de Joël à Malachie).
Quatre jours pour l’Ancien testament, trois jours pour le Nouveau. On lit autant qu’on peut ou qu’on veut dans la section du jour. La diversité des livres lus au long de la semaine fait paradoxalement apparaître la cohérence de l’ensemble.
La première tâche de mes journées est donc la lecture de la Bible, lue avec la conviction que ce recueil de textes écrits par des hommes est, de part en part, inspiré par Dieu. Si j’ai de la peine à comprendre un passage, je consulte d’autres traductions (TOB, Jérusalem, Darby, etc.) que celle que j’utilise actuellement (Bible à la Colombe). Du grec, je ne connais que l’alphabet, juste le nécessaire pour consulter mon dictionnaire grec-français. D’autres outils (concordance Strong, interlinéaire du Nouveau Testament, dictionnaire biblique) sont utiles quand je reste bloqué dans la compréhension d’un verset ou d’un terme, ou si je m’interroge sur la pertinence de la traduction que j’ai sous les yeux. L’important est que la Parole me parle, me touche, me choque, me surprenne, me décontenance ou m’interpelle. Certains passages restent mystérieux, d’autres trouvent une clarté nouvelle.
Cela dit, un problème surgit quand on a lu la Bible plusieurs fois. On s’est habitué, on connaît la musique, on est moins attentif. Pour déjouer ce piège, certaines personnes la lisent dans une autre langue ou prennent une autre version. Ce sont de bonnes idées. Pour ma part, je résume ou je paraphrase ce que j’ai lu sur une pleine page d’un agenda au format A5. Ce qui tient sur une page détermine la longueur du texte pris en considération : tout un chapitre, le plus souvent une partie d’un chapitre, parfois un ou deux versets. Il m’arrive aussi de recopier des passages difficiles à résumer. Je commente peu. Mon agenda, fidèle témoin de mon assiduité, signale par ses pages blanches les jours où j’ai manqué le rendez-vous.
Je ne relis pas mes résumés, sauf pour raccorder ma lecture du jour à celle de la semaine d’avant. Ce qui compte, c’est l’attention du moment, même dans les chapitres plus rébarbatifs, le détail des lois dans le Lévitique ou le Deutéronome, ou les généalogies. Ces passages arides ne revenant qu’une fois par semaine, c’est supportable. S’agissant des généalogies, je dois tout de même reconnaître que ces longues listes de noms d’hommes morts il y a des millénaires ne me laisse pas indifférent. Leur nom figure là, leur souvenir, si ténu soit-il, est conservé dans ces pages, et pense à ces mémorials humains sur lesquels on peut lire les noms des combattants morts pour leur pays, à ceux qui énumèrent les victimes de la Shoah ou les victimes des attentats du 11 septembre, à toutes ces tentatives presque dérisoires de conserver le souvenir de ces gens. Je pense aussi à ce livre de vie dont il est dit que tous les noms des élus y sont écrits. J’espère que le mien y figure.
Ma méthode ne permet pas de lire toute la Bible en un an, mais ces petites portions quotidiennes sont substantielles. Je redécouvre la radicalité du message, l’insistance sur la vérité, la justice, l’attention aux démunis. Dieu est amour, assurément. Encore faut-il s’entendre sur ce que ce terme signifie. Rien de mièvre dans l’amour de Dieu, aucune complaisance pour le péché. L’hypocrisie, le mensonge, l’orgueil et l’injustice n’ont aucune chance devant lui, mais il désire venir au secours du pécheur pour qu’il sorte de là, à l’image du médecin qui, sans pitié pour la maladie, fait le nécessaire pour aider le malade à guérir.